lundi 2 novembre 2009

Le syndrome de Conakry | Editorial de Arimi Choubade


Aucun doute n’est plus possible ; le Yayi-land est tenu et bien tenu. Grande journée de démonstration le 30 octobre 2009. Les activistes de l’Upr ont redécouvert la toute puissance des deux préfets des quatre départements du septentrion. Deux meetings prévus (Bembèrèkè dans le Borgou le matin, Kouandé dans l’Atacora l’après-midi). De la matière pour la soldatesque aux ordres de la pensée unique déployée afin de faire échec à des manifestations au cours desquelles l’aura du docteur-président pourrait être écornée. Un docteur-président en grande immersion populaire, le même jour, à Parakou à quelques kilomètres de Bembèrèkè et de Kouandé. Issa Salifou et compagnie n’ont pas été admis à réaliser cet affront en pleine zone réservée dont les frontières avaient été pourtant clairement établies par le tristement célèbre « plus jamais çà » d’un des ministres les plus en vu du Changement, Nicaise Fagnon. On peut faire meeting voire organiser des marches à Dangbo, Porto-novo, Cotonou ou partout ailleurs au Bénin tant que le Yayi-land n’est pas violé.

Les sirènes hostiles envoyées aux régimes de Tandja au Niger et à celui de Dadis Camara en Guinée par la communauté internationale commandent aux émergents de se préoccuper de la cosmétique à donner au déni de manifestation subi par l’Upr dans le septentrion le 30 novembre. C’est par une dérive de ce genre que près de 150 Guinéens ont été massacrés le 28 septembre 2009 à Conakry. Le risque est grand de provoquer l’effarouchement des gourous de la Marina par les allusions du genre des événements de Guinée. Le général Kouyami en sait quelque chose, lui, auteur d’une interpellation adressée au régime Yayi à travers une interview accordée au journal la Presse du Jour après le coup d’Etat en Mauritanie. Plusieurs jours de sommeil agité et un bref séjour à la Direction générale de la police nationale que cela lui a valu.

Mais le fait est là que c’est ce désir de mettre des camisoles de force à des pans entiers de la population qui met le bordel dans le processus de démocratisation encore fragile au niveau de la sous région. La peur du fusil n’a pas la même signification chez les rescapés de précédentes tueries à Conakry que chez des paysans de Bembèrèkè ou de Kouandé traditionnellement pacifistes. Les militants de l’Upr n’ont jamais flirté avec des maquis de rébellion sanglante comme beaucoup de jeunes guinéens vétérans des atrocités en Sierra Léone, au Libéria ou en Côte d’Ivoire. Ce qui explique pourquoi le sang n’a pas giclé en marge des interdictions de meetings dans le Borgou et l’Atacora. Surtout que personne ne connaît la nature des instructions données en haut lieu aux préfets prédateurs de la liberté de manifester.

Revenons sur les contorsions procédurales utilisées pour refuser à des Béninois de tenir des réunions publiques près de deux décennies après la conférence nationale en l’occurrence le risque constaté par le préfet du Borgou d’une collusion entre deux manifestations. Le spécialiste de l’administration qu’est Dénis Ali Yérima connaît les usages administratifs en la matière. L’agent municipal chargé de l’enregistrement des courriers ne peut avoir reçu les deux demandes le même jour à la même heure. Lors de l’inscription dans le registre, une demande doit avoir été inscrite avant l’autre. Ces informations permettent de trancher et donner priorité à un des demandeurs. La notification devrait être faite aux deux parties de la décision prise afin que chacun puisse aviser conséquemment. Mais jamais l’interdiction comme Dadis a fait au motif que le 28 septembre est la date commémorative de l’indépendance de la Guinée. Que dire de la décision hérétique liée au report sine die de l’étape de Kouandé non pas par les organisateurs mais par l’autorité administrative incarnée par le préfet de l’Atacora ?

Eviter de tenter le diable …

par Arimi Choubadé

Rédigé le 02 nevembre 2009

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