mercredi 18 novembre 2009

Le Bénin ou le rempilage ? | Editorial de Arimi Choubade


Tout émergent classerait cette question parmi les plus idiote jamais lue dans une chronique. C’était en début de mandat qu’il y avait de la place pour des discours sur l’audience du pays sur la scène internationale. 105 milliards f Cfa en voyages présidentiels à l’étranger en 8 mois soit le 1/6ème des recettes internes au budget national. Un besoin d’un avion présidentiel à 12 milliards. Un sommet de la Cen-Sad à une cinquantaine de milliards dont une bonne partie dans les poches de courtisans impunis. A moins de deux ans de la présidentielle 2011, un bain de foule dans les départements du Mono et du Couffo est beaucoup plus important qu’une présence à un sommet mondial sur la faim dans le monde à Rome. Sous l’égide de la Fao. Qu’on ne demande surtout pas au docteur-président de se rendre à une Assemblée générale de l’Onu à New York alors que se préparait la signature d’un protocole d’union entre ses adversaires à Cotonou. Par ailleurs l’enchaînement des mauvais classements annuels de Rsf, de Transparency international, de la Banque mondiale et autres, a refroidi la passion de plusieurs chancelleries face au modèle démocratique béninois.

Le tout-pour-le-rempilage est en passe de devenir une véritable religion de l’Etat-Fcbe. Tout individu détenant une parcelle de pouvoir est un émergent potentiel astreint à des meetings de remerciement, des marches de soutien, des séances de prière et aussi les créations de partis politiques à mettre en ordre de bataille pour le combat de 2011. Y compris les magistrats assujettis à une obligation de réserve peuvent se rendre utile au Changement autrement que par le militantisme de terrain dès l’instant où il bénéficie d’une posture favorable au sein de l’administration judiciaire grâce à la bienveillance du très émergent Garde des sceaux et de son chef. Le maintien en détention du maire de Dangbo Clément Gnonlonfoun illustre à merveille combien un procureur dévoué peut aider à faire triompher les idéaux d’un régime aspirant au pouvoir total et absolu.

Autre démonstration du rempilage d’abord : l’indifférence des émergents face aux débrayages à répétition dans l’administration publique. Les bureaux des ministères totalement vidés de leurs occupants n’empêchent pas la machine de la précampagne prématurée de tourner à plein régime. Les tournées du chef de l’Etat, des ministres, des directeurs généraux de sociétés d’Etat rythment le quotidien des Béninois avec leurs lots de jetons de présence, de frais de mission, de gigantesques orgies et de libéralités diverses. La richesse ne s’accroît plus puisque ceux qui la produisent à savoir les travailleurs désertent leurs postes de travail pendant que le peu qui reste dans les caisses se vident peu à peu au profit de la propagande et du rabattage précoce.

Les gars de la Marina ne se préoccupent même pas de ce que sera le Bénin une fois le cap de 2011 franchi. Le Bénin n’a d’intérêt pour eux que lorsque Yayi est au pouvoir quel que soit l’état des caisses de l’Etat. La crise ne concerne pas les courtisans. Au contraire, une explosion des poches de pauvreté permet d’élargir davantage l’assiette des micro-finances aux plus pauvres avec son cortège de dissimulation d’intermédiaire et de propagande. On a déjà vu des organisateurs de marches de soutien bénéficier de considérables exonérations sur des produits de grande consommation ; au nom de la crise alimentaire. Du moment où le partage ne reconnaît que les seuls politiquement émergents qui détiennent l’exclusivité de l’accès à la mangeoire, il n’y a pas lieu de s’inquiéter de l’aspect du trésor public. Cela ne pose problème qu’en cas de changement de capitaine en 2011.

Avis aux successeurs potentiels…

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