mercredi 19 août 2009

Réunion secrète du Syntracef : Compte rendu intégral du huis clos des travailleurs

18-08-09 - Le Syndicat des travailleurs de l’administration centrale des finances (Syntracef) a tenu une réunion secrète, le 14 août dernier à Cotonou. Il a été fait la chronologie des manœuvres du régime du Changement avec des révélations. Mais, les travailleurs sont décidés à barrer la voie à la dictature qui s’installe actuellement dans le pays.
SYNTRACEF
Syndicat des Travailleurs de l’Administration Centrale des Finances

COMPTE RENDU DU CONSEIL SYNDICAL EXTRAORDINAIRE DU VENDREDI 14 AOUT 2009
Face à la situation de déstabilisation des organisations syndicales affichée par le Chef de l’Etat, le Docteur Thomas Boni YAYI dans notre pays aujourd’hui, un Conseil Syndical extraordinaire du SYNTRACEF, s’est réuni à Cotonou le 14 AOUT pour examiner la concordance des propos du Président de la République le 17 Juillet 2009 et le 1er Août 2009 aux faits actuels.
Le rappel de certains faits:
- Le Vendredi 1er MAI 2009:
Le SYNTRACEF publie les résultats d’un sondage d’opinions sur trois (03) années de gestion du Président de la République à l’ère du changement. On note entre autres:
a) le non respect des règles en matière d’exécution des dépenses publiques;
b) une administration fortement politisée et gérée sur des bases du clientélisme;
c) des surfacturations dans le dossier CEN-SAD et les vices dans des procédures de passation des marchés publics.

- Le Vendredi 10
Juillet 2009:
Une concertation des Centrales Syndicales avec la FESYNTRA-FINANCES au CODIAM à Cotonou, aboutit à un contrat de lutte salué par les travailleurs pour contrer la privatisation des secteurs stratégiques du pays et lutter contre la vie chère. Une marche est annoncée pour le Mardi 21 Juillet 2009 et une conférence de presse sur le dossier CEN- SAD pour le Mercredi 15 Juillet 2009.
- Le Mercredi 15 Juillet 2009:
La Fédération des Syndicats des Travailleurs du Ministère chargé de l’Economie et des Finances (FESYNTRA-FINANCES) malgré un refus à peine voilé des autorités, devant un parterre varié de journalistes, déclare pièces à l’appui, le scandale financier organisé dans le dossier CEN-SAD qui n’est que la conséquence du non respect des règles élémentaires d’exécution des dépenses publiques en l’occurrence dans les procédures de passation des marchés publics. La précision faite était que ce dossier CEN-SAD, c’est 07 volets et non uniquement le Centre International des Conférences et le Palais des Congrès




- Le Vendredi 17 Juillet 2009:
Le Président de la République reçoit en audience les Secrétaires Généraux des Centrales et Confédérations Syndicales et la FE9>(NTRA-FINANCES. Au cours de cette séance qui aura duré plus de trois heures d’horloge, le Chef de l’Etat a beaucoup parlé; mais certains propos jugés capitaux méritent qu’on s’y attarde vu l’évolution de l’actualité ces derniers jours.
. «Vous devez faire un choix entre la lutte politique et le syndicalisme; le jour où la lutte syndicale va rejoindre la lutte politique, la démocratie est foutue}} (nous pensons plutôt que le pouvoir de YAYI est foutue et la démocratie sauvée».
. «On intoxique, le pays est intoxiqué... et si moi aussi je dis que vous avez pris de l’argent chez les politiciens aujourd’hui...»
. «2011, je ne suis plus intéressé, je suis fatigué de ce pays... mais avant de partir, je mettrai la barre très haute et le pays sera difficile à gérer par mon successeur...»
. «Tous ceux-là qui s’agitent aujourd’hui ne peuvent me donner aucune leçon de gestion... je ne peux recevoir aucune leçon de bonne gouvernance de ceux-là... et d’ailleurs, qui est propre parmi vous? (Entendez, vous-même les Secrétaires des Organisations Syndicales) ? ...»
. «J’ai mis en place une Commission Indépendante sur le dossier CEN--SAD. Attendez qu’elle dépose son rapport avant de mener quelque action que ce soit... je vous demande de reporter votre marche...»
. «D’ailleurs, qui a organisé la Conférence de Presse? (C’est Monsieur METONGNON Laurent)... Enlevez votre chapeau... vous ne savez pas que vous êtes devant un Président de la République ?... un Chef de l’Etat? je suis élu moi...»


- Le Mardi 21 Juillet 2009:
La marche annoncée au CODIAM le 10 Juillet par les Organisations Syndicales n’a pas été interdite selon le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique Monsieur Armand ZINZINDOHOUE, mais elle n’a pas été autorisée. Tout Cotonou s’est réveillé ce Mardi 21 avec une horde de militaires, policiers, gendarmes, CRS armes au point, occupant presque tous les artères de Cotonou. Les travailleurs durent rejoindre la Bourse du Travail pour un meeting. Là, il fut décidé d’une grève de protestation de 48 heures contre le bâillonnement des libertés pour les Mardi 28 et Mercredi 29 Juillet 2009. Une marche fut projetée pour le Jeudi 30 Juillet 2009.



La grève connaît un succès éclatant. L’administration publique béninoise est entièrement paralysée malgré le flot des intoxications, des calomnies, des communiqués du Pouvoir Exécutif et des mouchards et autres thuriféraires du Président Thomas Boni YAYI. La grève était illégale, illégitime selon le pouvoir. Des représailles étaient annoncées par le pouvoir.

- Le Jeudi 30 Juillet 2009:
La place de l’Etoile Rouge est multicolore de travailleurs toutes catégories confondues. Les mots d’ordre sur différentes banderoles et les pancartes traduisent la colère et la détermination des travailleurs. On pouvait lire: «Non au pillage des ressources de l’Etat !», «Non à la vente du Port Autonome de Cotonou à l’expatrié Bolloré !», «Non au changement corrompu !», «Non à la privatisation des Sociétés d’Etat telles que: la Soneb, la Sbee et le Bénin Télécoms SA !» A 10 heures, après un meeting animé par les Secrétaires Généraux, le cortège s’ébranle de l’Etoile Rouge vers le Ministère de l’Economie et des finances avec une animation, scandant à l’encontre du Ministre de l’Intérieur « ZINZINDOHOUE hé loué ! Pasteur menteur! Armand démission! ». Ce cortège dans un chant hostile au pouvoir jugé liberticide, est arrivé même à exiger la démission du Président Thomas Boni YAYI.


Pour une grève illégale, illégitime une marche déclarée inopportune voire financée par l’opposition à coût de millions selon le pouvoir à travers ses médias, six (06) Ministres dont Monsieur Victor Prudent TOPANOU, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme et Porte Parole du Gouvernement étaient présents pour recevoir la motion des manifestants dans laquelle il était clairement annoncée la fin des privatisations des secteurs stratégiques du pays (SOBEMAP, Port Autonome de Cotonou, Bénin- Télécoms SA, Soneb et Sbee, etc.. .).
A la fin de cette manifestation, les travailleurs se donnent un rendez-vous pour dans deux semaines pour une manifestation plus gigantesque.

Le 1er Août 2009
Le Président de la République après son message à la nation, accorde à Lokossa, à la presse, un entretien dont on peut retenir:
- Le Président qualifie d’agitation le mouvement des centrales syndicales car il n’y a jamais eu privation de liberté; les syndicalistes n’ont aucune leçon à lui donner et s’il devait, il fallait qu’il instaure en leur sein la bonne gestion et la transparence puisque depuis des années des malversations leurs sont également reprochés pour ce qui concerne la gestion de l’alternance.



Boni YAYI ne satisfait aucune revendication des travailleurs. Pire, il confirme la vente du Port et les autres secteurs stratégiques du pays. Bolloré qui est en disgrâce dans les ports de la sous-région et surtout à Lomé qui n’est qu’à 155km de Cotonou est porté en

Le 04 Août 2009
L’Inspecteur Général d’Etat signe la décision n° 035 portant création d’une commission chargée de vérifier l’utilisation de la contribution de l’Etat aux dépenses de fonctionnement des syndicats pour la période allant de 2004 à 2009-»

L e 10 Août 2009
La commission de l’IGE est à la bourse du travail
Ces faits montrent une seule chose: le bastillonna à détruire par YAYI pour mieux asseoir sa dictature, sont les syndicats. Pour y parvenir il met en exécution un plan d’attaque qui consiste à isoler les responsables syndicaux de leurs bases. Il décide de banaliser les revendications
Face à cette situation, les conseillers ont réaffirmé leur soutien aux responsables des organisations syndicales du Bénin engagés dans la lutte pour la liberté, le pain, et pour l’avènement d’une nouvelle politique pour notre pays.
Ils invitent tous les travailleurs comme en 2003 à se battre pour la dignité et l’honneur qui passent par l’installation d’un ordre nouveau.
Les conseillers se sont préoccupés de la situation qui prévaut au Ministère du Travail et de la Fonction Publique. En effet depuis le 21 Avril 2009 l’administration publique est bloquée car les travailleurs de ce ministère sont en grève, et entre autres revendications, exigent de meilleures conditions de travail. Ils exigent l’occupation de l’immeuble que le conseil des ministres même, par REL n° 013/PR /SGG du 09-04 2008 leur a attribué. Conséquence, les actes administratifs ne paraissent plus, les retraités n’ont pas les arrêtés d’admission à la retraite pour prétendre avoir la pension. Les conseillers ont décidé non seulement de soutenir leurs collègues du Travail et de la Fonction Publique, mais ont décidé des actions communes qu’ils seraient amenés à faire dans les jours à venir pour la satisfaction de cette revendication si le gouvernement ne respectait pas son propre engagement.

La non organisation des concours professionnels à l’Administration Centrale des Finances a été évoquée. A ce sujet, le conseil invite les autorités du Ministère de l’Economie et des Finances à prendre toutes les dispositions idoines pour leur organisation cette année.
Le conseil invite les responsables syndicaux à respecter leur engagement après la marche et à ne pas succomber devant la machine de déstabilisation des organisations syndicales par Boni YAYI.
Un plan de contre attaque a été ébauché et devra être peaufiné par le Bureau Exécutif du SYNTRACEF.

Cotonou, le 14 Août 2009

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