jeudi 3 décembre 2009

Au nom du consensus | Chronique de Sulpice O. Gbaguidi | Fraternité

Le monde politique bouge sous l’effet de la polémique sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Il braille et croit dégauchir la planche de ses ambitions pour la gestion du scrutin de 2011. La Lépi déchaîne les passions et approvisionne les querelles politiques. On reprend en chœur le refrain en vogue du consensus pour s’adapter à la polémique. Consensus, consensus… la doctrine du consensus séduit la nation. La littérature sur la Lépi en fait son principe directeur. Les orateurs en font leur leitmotiv.

L’élastique polémique sur la Lépi répand ses premières retombées politiques. Elle inaugure le récital de la coalition Tchané. Et c’est justement le label " consensus " qui fait saliver le très bouillant tchanéiste Wallys Zoumarou qui est monté au créneau au nom des partisans du successeur de Boni Yayi à la présidence de la Banque ouest africaine de développement (Boad). Le consensus, voilà la position des Hommes de Bio Tchané. C’était déjà celle du président Boni Yayi. Au nom de l’Union fait la nation (Un), Me Adrien Houngbédji a lui aussi joué la mélodie du consensus. La polémique sur la Lépi trouve son paradoxe dans cette volonté de consensus partagée par tous. " Le large consensus " de Yayi, " la bonne Lépi consensuelle " de Houngbédji et UN et la " réalisation consensuelle " de Zoumarou soignent la rhétorique de la Lépi sans y apporter un grain de pragmatisme. Le souci du consensus semble se réduire à l’état de souci pur sans un réel progrès. A quand maintenant la concrétisation de ce consensus derrière lequel on se réfugie ? Le temps joue contre la commission de supervision de la Lépi (Cps) et le risque de bâclage est énorme.

2011, même embaumée aux effluves de bonnes intentions n’est pas vernie par une bonne volonté des politiciens. Les calculs politico- électoraux infectent les désirs. La Lépi en reçoit les coups les plus saignants. En devenant une exigence dans la négociation du virage de 2011, la transparence prend sa revanche sur une supposée tradition de fraude bénie dans les chapelles politiques. La bataille de la Lépi relève d’une nécessité que justifient les enjeux de 2011. L’heureuse proclamation solennelle du consensus doit bénéficier d’actions conséquentes que peut suggérer la libération des pesanteurs politiques.

Les séquences politiques de la guéguerre autour de la Lépi vont éclairer l’opinion et entretenir le baromètre. La réponse de Houngbédji à la gestion du processus de la réalisation de la lépi a confirmé une bipolarisation maintenant nuancée par la sortie de Wallys Zoumarou dans le statut de porte-parole du camp Tchané. La coalition Tchané prend corps et découvre son style. Elle prend en grippe la Lépi considérée comme condition et prône une Lépi enfermée dans un processus. La déchirante polémique sur la liste électorale permanente informatisée aura réussi à apporter une nouvelle preuve de la candidature en gestation d’Abdoulaye Bio Tchané. L’intervention de Zoumarou au nom d’une coalition Abt préoccupée par le destin de la Lépi n’est pas innocente. J’y vois un message de Tchané. A moins de cataclysme, l’ancien ministre des finances sera candidat à la succession de Yayi en 2011. Au nom du consensus, Zoumarou a implicitement vendu la mèche.

Sulpice O. Gbaguidi

Publié le 3-12-2009, par Fraternité
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