jeudi 10 décembre 2009

Des jeunes d’un type nouveau


Pour être encore minoritaires, les jeunes dont nous parlons, dans la présente chronique du jour, ne sont pas moins bien présents dans notre société. Comme qui dirait, dans le petit français de la Côte d’Ivoire, « Il y a jeunes dans jeunes ». Avec ces jeunes d’un type nouveau, nous ne sommes pas loin d’affirmer que nous sommes à la veille d’une révolution. C’est connu, le neuf naît presque toujours en silence, dans les replis brouillons et bruyants de l’ancien. Il faut y avoir la promesse d’un bouleversement de fond dans nos manières de penser, d’être et de nous comporter. Les principaux acteurs de ce changement, pour être plus précis, sont des jeunes gens et des jeunes filles béninois. Ils ont, pour la plupart, fait des études supérieures. Ceci à la suite d’un cursus régulier sanctionné par des diplômes tout aussi réguliers.
Qu’est-ce qui caractérise ces jeunes et qui détermine à les projeter d’emblée comme des forces d’avenir, des forces d’un changement d’où pourrait émerger le visage altier et plein d’assurance d’un Bénin nouveau ? Nous avons le privilège, chaque jour, de croiser des jeunes. Ils nous font l’honneur de venir nous soumettre leurs projets et leurs rêves. Ils nous font l’amitié de venir recueillir notre avis et nos conseils sur ce qu’ils comptent entreprendre, sur les difficultés qu’ils rencontrent dans ce qu’ils entreprennent.

De cette proximité avec des jeunes, écoutant leur passion, entendant leurs non-dits, décryptant leurs attentes, nous avons très clairement perçu des signes qui ne trompent pas. Des signes d’un changement qui prend progressivement corps et forme. C’est la preuve que quelque chose bouge au niveau de la couche juvénile de notre pays. Il faut y voir un démenti formel et cinglant opposé à un jugement plutôt court et sur la foi duquel on a tôt fait de conclure que tous nos jeunes sont des chiens perdus sans collier.

D’abord, le changement qui pointe à l’horizon est à lire dans l’attitude de rupture qu’affichent de plus en plus ces jeunes par rapport à une certaine manière d’être Béninois, par rapport à une certaine manière de vivre certaines réalités béninoises. Ces jeunes ont réussi, par exemple, à briser, en leur esprit, le mythe de l’Etat providence à l’ombre duquel s’était réalisée et s’était accomplie la génération de leurs pères et grands-pères.

En cela, la Fonction publique et le statut d’agent permanent de l’Etat ne constituent point le fin mot de leur quête. Ils n’attendent plus de se laisser couler dans un moule préétabli. Ils ne veulent plus entrevoir une carrière prédéterminée devant déboucher sur une retraite administrative programmée. De manière plus fondamentale, c’est contre le salaire qu’ils s’insurgent. Refus donc de se présenter au guichet de la vie, une fois par mois, pour un traitement tarifé et plafonné. Ils souhaitent se trouver en situation d’attester que Dieu a créé un monde d’abondance, un monde dans lequel personne ne doit se sentir condamner à boire petit dans un petit verre. Sous la menace de la pénurie. Sous le règne de la nécessité.

Ensuite, ces jeunes ne veulent plus forcément s’illustrer, professionnellement parlant, dans les seuls domaines de leur compétence. Ils s’obligent à se situer à un carrefour d’opportunités qu’ils sont prêts à saisir. Quitte, pour y parvenir, à s’astreindre à une formation complémentaire dans un nouveau champ du savoir. Quitte à s’imposer la discipline d’être des « mutants » permanents acquis à l’idée d’apprendre à apprendre et à entreprendre. Aussi savent-ils se remettre en cause, à saison régulière, face aux mutations qui affectent le monde contemporain. Saviez-vous, par exemple, que la plupart de ces jeunes qui parlent déjà anglais e mettent à apprendre le chinois.

Cette propension à l’éclectisme que développent ces jeunes, un esprit éclectique étant celui-là qui n’a pas de goût exclusif et ne se limite pas à une seule chose, porte et traduit une première qualité. Il s’agit de la capacité d’adaptation à toutes les situations, à toutes les circonstances. La deuxième qualité, c’est la capacité à faire face à toutes les éventualités, à toutes les situations, avec la volonté farouche de ne jamais laisser le dernier mot aux autres ou aux circonstances extérieures. Il faut y voir, à la fois force de caractère et force de résistance de ces jeunes.

Enfin, le changement qui pointe à l’horizon se trouve dans le fait que ces jeunes sont des rêveurs positifs, porteurs, autant qu’ils sont, de projets. Ils les conçoivent souvent moins pour eux-mêmes que pour le service des autres, et pour un Bénin meilleur. Et ils accompagnent leur démarche d’un sens morale et éthique qui doit avoir valeur de leçon de vie pour nombre de leurs aînés. Il n’y a pas de place, dans leurs projets, pour une quelconque fuite solitaire, une quelconque jouissance égoïste. Ces jeunes, en effet, s’assument en assumant le Bénin tout entier. Ces jeunes sont habités de l’espoir têtu qu’en semant du neuf, ils moissonneront, à coup sûr, un Bénin nouveau, un Bénin neuf. Pour tout dire, ils vivront leur rêve. C’est tout simplement beau, n’est-ce pas ?

Jérôme Carlos
La chronique du jour du 10 décembre 2009

http://chronique.blesshnet.com/index.php?p=997&more=1&c=1&tb=1&pb=1#more997

1 commentaire:

  1. houn! M Carlos has a dream! but it's just a dream.et le reveil sera douloureux.
    je savoure et salue la valeur esthétique de la production de M Carlos. d'ailleurs rien de surprenant, c'est le propre des litteraires de produire du beau. malheureusement ce n'est que du beau, de l'esthétique, l'utile tardera à venir; et ce n'est demain la veille. en effet qui sont ces jeunes? des béninois, n'est-ce pas? figurez-vous que les jeunes ne sortent pas terre comme des champignons, ils sont des produits des terres et des sociétés qui les ont vu naître. nul doute, "l'etre béninois" est profondément inscrits dans leurs chromosomes. les innovateurs, ça se crée, ça se produit par un dur labeur. alors au travail, car en cette matière il n'est point de génération spontanée.
    serges D.

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